Une députée libérale invite les couples à se tourner vers l’Ontario

Une députée libérale invite les couples à se tourner vers l’Ontario

Photo: iStock «La députée ne fait donc pas confiance au ministre de la Santé pour aller jusqu’à envoyer les patients chez nos voisins?» s’emporte la présidente de l’Association des couples infertiles du Québec, Céline Braun.
PROCRÉATION ASSISTÉE

Une députée libérale invite les couples à se tourner vers l’Ontario

3 mars 2016 |Jessica Nadeau|Santé

Le Devoir

Devant les difficultés vécues par les couples infertiles de l’Outaouais, la députée libérale de Hull, Maryse Gaudreault, dirige ceux-ci vers une clinique de l’Ontario. Ses déclarations, sur les ondes de Radio-Canada lundi, ont semé l’ire chez les patients.
«C’est impardonnable de la part d’une députée québécoise, s’emporte la présidente de l’Association des couples infertiles du Québec, Céline Braun. Il mesemble que quand tu es élue au Québec, tu travailles pour les patients du Québec, pour les gens de ta circonscription, tu n’es pas là pour aller prôner le système de santé de la province voisine.»
La députée libérale, vice-présidente de l’Assemblée nationale, était en entrevue à Radio-Canada lundi pour réagir au fait que le projet de clinique privée en fertilité de Gatineau était «sur la glace» en raison de la loi 20, qui a sonné le glas du programme de procréation assistée en novembre dernier. «Ça peut mettre au défi les finances de futurs parents, mais je pense qu’on va s’adapter, a soutenu Maryse Gaudreault. En attendant, il y a encore la clinique de fertilité d’Ottawa qui peut accommoder les familles de l’Outaouais.»
Cette réponse est «pathétique», affirme Céline Braun. «On ferme les cliniques au Québec et on envoie les patients en Ontario. La députée ne fait donc pas confiance au ministre de la Santé pour aller jusqu’à envoyer les patients chez nos voisins?»
Montréal ou Ottawa ?
Questionnée à ce sujet, la députée de Hull précise qu’elle voulait simplement informer la clientèle qu’elle avait toujours accès à la clinique d’Ottawa avec le crédit d’impôt, comme c’était le cas auparavant. «Les gens vont peut-être préférer aller chercher le service plus près à Ottawa plutôt que de faire la route jusqu’à Montréal, mais loin de moi l’intention de détourner les couples du système de santé du Québec. Je voulais simplement qu’ils sachent qu’ils ont toujours accès à cette clinique, même si la loi est venue un peu changer les paramètres pour la fécondationin vitro.»
Jusqu’à tout récemment, la majorité des patients de l’Outaouais se rendait à Montréal pour ne pas avoir à débourser pour ces traitements. S’ils choisissaient de se faire traiter «de l’autre côté du pont», ils avaient plutôt droit à un remboursement d’impôt. Mais l’attrait pour les services ontariens risque d’augmenter maintenant que Québec ne rembourse plus l’intégralité des traitements.
Lors des débats sur le projet de loi 20, plusieurs médecins avaient justement soulevé cette crainte, faisant valoir qu’il était plus facile de se faire implanter plusieurs embryons en Ontario qu’au Québec. Si cela augmente les chances de tomber enceinte, le risque de grossesse multiple augmente également, ce qui entraîne un risque plus élevé de complications, qui seront gérées par les médecins québécois.
«Il y a un article de la loi qui dit qu’on ne peut pas obtenir un service différent que celui prescrit par la loi du Québec dans une clinique hors Québec,répond Mme Gaudreault. Ce qui veut dire que si une famille du Québec va en Ontario, si on lui donne un service différent que celui prescrit par la loi 20, il ne pourra pas être remboursé.»

À lire aussi