La préservation de la fertilité
La préservation de la fertilité consiste à congeler ou cryopréserver les gamètes mâles (spermatozoïdes) et femelles (ovules), les embryons ou encore des tissus germinaux (ovaire ou testicule), pour une utilisation future dans le cadre d’une aide médicale à la procréation.
Pourquoi préserver sa fertilité ?
La préservation de la fertilité est conseillée dans différentes situations en fonction du profil des personnes.
Avant un traitement médical
C’est l’indication la plus courante de préservation médicale de fertilité. Certains traitements ou interventions chirurgicales peuvent avoir des conséquences à court ou à long terme sur la fertilité humaine, en causant une diminution ou même un arrêt complet de la production de gamètes. À titre d’exemple, les patients devant recevoir une chimiothérapie ou une radiothérapie pour un cancer. Dans ces cas précis, la congélation du matériel reproductif aura lieu avant que les traitements stérilisants ne commencent.
Pour raison sociale
Dans ce cas particulier, la congélation d’ovules ou du sperme est réalisée de façon préventive pour des raisons non médicales. À titre d’exemple, une carrière professionnelle ou une difficulté de trouver un partenaire de vie pousse de plus en plus de femmes à recourir à la congélation de leurs ovules. Cette demande de préservation de gamètes touche majoritairement les femmes, puisqu’à partir de 30 ans, la qualité et/ou la quantité de leurs ovules baissent progressivement et encore plus rapidement après 36 ans.
A contrario, bien qu’un homme puisse produire des spermatozoïdes jusqu’à la fin de sa vie, les études démontrent que l’intégrité de son ADN spermatique augmente avec l’âge, particulièrement à partir de 50 ans. Chez eux, la congélation de sperme est recommandée lorsque les paramètres spermatiques sont en dessous des recommandations de l’OMS. Certains hommes peuvent également décider de congeler leur sperme de manière préventive, lorsqu’ils sont exposés par leur travail à des toxiques. On pense ici aux militaires (armes chimiques), aux agriculteurs (pesticides), etc.
Lors d’une transition de genre
Lors d’un parcours de transition de genre, les traitements hormonaux et/ou chirurgicaux peuvent avoir un impact sur le potentiel de fertilité future.
Techniques de préservation: chez la femme
Congélation d’ovules
Cette procédure concerne les femmes pubères, soit en âge de procréer. Elle consiste après stimulation ovarienne, à recueillir des ovules préférentiellement matures ou plus rarement après maturation in vitro. Ils sont ensuite congelés par vitrification.
A l’époque, les ovules, tout comme les embryons, étaient préservés par une technique de congélation lente, avec un taux de survie avoisinant les 60%. La congélation d’ovules s’est grandement améliorée depuis la mise au point d’une technique de vitrification (année 2000) qui améliore la survie des ovules (90%) et les chances de grossesse après fécondation in vitro.
Congélation d’embryons
Cette méthode nécessite le recueil d’ovules matures. Elle nécessite généralement une stimulation ovarienne. Il faut également l’implication du conjoint ou d’un donneur, et l’existence d’un projet parental.
Après fécondation in vitro, les embryons produits sont vitrifiés généralement au stade de blastocyste (5 jours de vie). Cette procédure est donc une préservation de fertilité du couple et non de la femme, puisque les embryons ne peuvent être utilisés qu’au sein et avec l’accord des deux partenaires.
Congélation de tissus
Cette pratique a pour but de conserver les follicules ovariens primordiaux, au niveau du cortex ovarien.
Elle est la seule technique possible chez les pré-pubères et les enfants mais peut également être offerte chez les femmes pubères. Elle ne nécessite aucune stimulation ovarienne.
Un ovaire entier ou des fragments biopsiques sont prélevés. C’est une intervention médicale plus lourde puisqu’elle nécessite une chirurgie sous anesthésie générale.
Le moment venu de fonder une famille, les tissus sont décongelés et greffés à la patiente. Ceci restaure la fonction endocrinienne des ovaires (production des hormones sexuelles) et donc la reprise du cycle ovarien. La greffe des tissus ovariens a déjà permis la naissance de centaines d'enfants à travers le monde.
Techniques de préservation: chez l'homme
La congélation de spermatozoïdes se fait normalement après un recueil de sperme par masturbation. Néanmoins en cas d’échec, de cryptozoospermie, d’azoospermie ou de nécrozoospermie, des procédures alternatives permettent de tenter de récupérer des spermatozoïdes dans l’épididyme ou le testicule.
Si malgré tout, l’intervention n’est pas fructueuse, il est toujours possible comme alternative de congeler une partie du tissu testiculaire. La congélation du tissu testiculaire est d’ailleurs pour l’instant la seule procédure de congélation possible chez les enfants pré-pubères ne produisant pas de spermatozoïdes.